Дата выхода: | октябрь 2013 |
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Joseph Mallord William Turner (Londres, 1775 – 1851) A 15 ans, Turner exposait dj une Vue de Lambeth. Il acquit trs tt la rputation d\'un aquarelliste extrmement habile. Disciple de Girtin et de Cozens, il montra par son choix et la faon de prsenter ses thmes une imagination pittoresque qui semblait le destiner une brillante carrire d\'illustrateur. Il voyagea, d\'abord dans son pays natal et puis, plusieurs occasions, en France, dans la valle du Rhin, en Suisse et en Italie. Son intrt commena toutefois dpasser le cadre de l\'illustration : l\'idal du paysage lyrique, dominant et inspirateur, se faisait jour, mme dans des oeuvres o nous sommes tents de ne voir rien d\'autre qu\'une imagination pittoresque. Son choix d\'un unique matre du pass est loquent, tudiant en profondeur toutes les toiles du Lorrain qu\'il put trouver en Angleterre, les copiant et les imitant avec une extraordinaire perfection. Il ne se dpartit jamais de son culte pour le grand peintre. Il voulut que son Lever du soleil travers la vapeur soit plac la National Gallery aux cts de deux chefs-d\'oeuvre du Lorrain ; et c\'est l que nous pouvons les y voir et juger du bien-fond de ce fier et splendide hommage. Ce n\'est qu\'en 1819 que Turner se rendit en Italie, pour y retourner en 1829 et 1840. Sans aucun doute, Turner y ressentit des motions et y trouva des sujets de rverie qu\'il transcrivit plus tard, dans les termes de son propre gnie, en symphonies de lumire et de couleurs. La logique de la raison ne compte pas aux yeux de cette imagination nordique. Mais aucun Latin n\'aurait possd cette autre logique, monstrueuse son got, propre l\'Anglais consum par un rve solitaire et royal, indfinissable et plein de merveilles, qui lui permettait d\'abolir les frontires entre la vie (mme la sienne) et les images qu\'il crait. Le rve du Latin, qu\'il soit vnitien ou franais, est un rve de bonheur, la fois hroque et humain. L\'ardeur y est tempre par la mlancolie, et l\'ombre y lutte avec la lumire. La mlancolie, mme sous la forme o elle apparat dans la cration nigmatique et profonde d\'Albrecht Drer, n\'a pas sa place dans le monde ferique et changeant de Turner : quelle place aurait-elle dans un rve cosmique ? L\'humanit est absente, sauf peut-tre sous la forme de personnages de thtre que nous regardons peine. Une peinture de Turner nous fascine, et pourtant nous ne pensons rien de prcis, rien d\'humain ; seulement des couleurs inoubliables et aux spectres qui hantent nos imaginations. En ralit, l\'humanit ne l\'inspire que lorsqu\'elle est lie l\'ide de mort, mais d\'une mort trange, une dissolution lyrique – comme le finale d\'un opra.